Étymologiquement, l’empathie signifie “ressentir en dedans” ( ce qu’on éprouve dedans).C’est la capacité de se mettre “à la place de l’autre” pour comprendre ce qu’il peut éprouver.
Pour ce faire, on rappelle chez soi la connaissance (le souvenir), de ce qui nous a fait expérimenter ce que manifeste autrui, sans nous confondre avec lui.
On partage son point de vue, nous permettant d’être présent pour lui, d’entrer en résonance, de partager ses sentiments et de l’écouter en conséquence.
La conscience de soi se place dans la situation d’un “autre” pour partager son expérience.
Comprendre la différence entre la Sympathie, la Compassion et l’Empathie
1.La Sympathie
Ressentir de la sympathie pour quelqu’un est une attitude spontanée involontaire: soit de l’attirance, soit du rejet.
Avoir un comportement de sympathie envers quelqu’un, c’est se positionner en “observateur”, en gardant de la distance entre nous et la personne observée.
C’est écouter ce dont on nous parle sans se détacher de nos propres pensées.
Cela conduit souvent à se faire une opinion de la situation à travers l’interprétation que nous en faisons, via nos propres expériences et résolutions.
C’est ce qui nous fait répondre par ce que nous ressentons au sujet de ce que nous dit la personne au lieu d’avoir une attitude en miroir de ce qu’elle ressent.
Exemple:
A: “Je suis tellement en colère que mon amie ait trahi ma confiance en racontant mon secret…”
B: ” C’est vrai que c’est insupportable, mais elle avait surement ses raisons. Au moins tu as une bonne amie et l’amitié vaut plus qu’une simple colère non? Il faudrait que tu ailles la voir pour lui parler.”
ou alors…” C’est inadmissible, une amie ne peut pas agir comme ça, tu as raison d’être en colère, tu ne devrais plus l’appeler!”
2.La Compassion
Ressentir de la compassion envers quelqu’un, c’est “souffrir avec lui”.
La compassion nous porte à intérioriser la souffrance de quelqu’un au point de la faire notre.
Devant la douleur d’autrui, nous vivons alors différentes émotions, toutes suscitées par ce que nous observons chez la personne qui pâtit.
Dans la compassion, une sorte de fusion s’opère avec la personne qui se confie, ce qui entraîne inévitablement à long terme, de la confusion entre soi et l’autre.
Ensuite, la personne qui aura compati réintègre ses propres valeurs et son quotidien.
Elle pourra alors tenter de résoudre les problèmes de l’autre à sa place, ou bien prendre du recul avec la situation de la personne impactée et se détacher d’elle, le poids de la confidence et de la problématique n’étant pas personnel, elle préférera s’en débarrasser.
La personne qui se sera confiée risque alors de se sentir manipulée ou non entendue, dans le sens où ce qu’elle aura confié n’aura pas été pris en compte, contrairement à la promesse sous-jacente au parti pris affiché durant le temps de la compassion.
Exemple:
A: “Je suis tellement en colère que mon amie ait trahi ma confiance en racontant mon secret…”
B: ” Je connais ça, vient on va se défouler en tapant sur quelque chose et après on va l’appeler pour lui dire ce qu’on en pense! ”
ou alors… B mentalement” Je trouve ça dégoûtant de sa part, elle n’avait pas le droit. Qu’est-ce qu’elle va faire, moi je ne saurais pas, est-ce qu’elle pourra à nouveau lui faire confiance? C’est tellement compliqué cette histoire, je ne voudrais pas que ça m’arrive à moi. Je vais éviter de lui en reparler et de l’appeler tant que ce ne sera pas réglé… ”
3.L’Empathie
L’empathie est une pratique relationnelle dans laquelle nous écoutons activement ce qu’une autre personne dit.
La finalité de cette écoute, qui a parfois recours à la reformulation, étant de comprendre l’autre et pas de lui répondre à tout prix.
Cette relation établit des liens qui renforcent la confiance et la compréhension qui sont positifs et sains pour les deux personnes.
L’empathie peut être difficile à réaliser pour de nombreuses raisons
Premièrement il s’agit d’être capable d’écouter activement le problème d’une autre personne sans juger, donc sans émettre d’avis, de conseil ou de solution s’ils n’ont pas été expressément demandés.
Deuxièmement il est nécessaire d’être capable de prendre du recul et d’avoir une bonne connaissance de soi pour éviter de tomber dans la contagion émotionnelle.
Troisièmement, il est impératif d‘être honnêtes avec nous-mêmes et l’autre personne concernant nos sentiments en tant qu’auditeur.
Selon Carl Ransom Rogers*: “L’empathie consiste à saisir avec autant d’exactitude que possible, les références internes et les composantes émotionnelles d’une autre personne et à les comprendre comme si l’on était cette autre personne.”
Appréhender les références internes d’un autre individu n’est pas chose aisée.
L’empathie nécessite:
-une excellente connaissance de soi,
-une très grande ouverture d’esprit,
-l’absence de préjugés,
-la reconnaissance de l’existence d’autres systèmes de références et leur respect : sens, valeurs, croyances, etc.
– et avant tout, le désir humble et vrai de comprendre l’autre, sans en attendre quoi que ce soit en retour.
Développer son empathie, une capacité accessible à tous
On peut dire que l’empathie est synonyme de compréhension en termes de relations humaines, interpersonnelles.
Accroître son empathie, renforce la compréhension de l’autre, de son vécu émotionnel, de ses choix et décisions.
Pour vous y entraîner voici quelques pistes:
– Accepter, pour commencer, que les références internes d’un autre individu (même le plus proche et quel que soit son âge!), sont différentes des vôtres.
– Reconnaître, l’existence d’autres systèmes de pensée, de références et les respecter.
Puis, exercez-vous à les saisir en observant et en écoutant (avec le silence à l’intérieur de vous) ceux qui vous entourent.
– Apprendre à se connaître toujours mieux.
– Se débarrasser des à priori et des suppositions, pour faire la place à l’écoute vrai et active.
– Ouvrir son esprit aux différents possibles
– Surtout manifester le désir humble et vrai d’accepter l’autre, de l’accueillir, sans en attendre quoi que ce soit en retour, même sans comprendre parfois.
- Accueillir, c’est la base de l’authenticité d’une relation.
- Accepter, c’est s’ouvrir aux émotions et aux sentiments d’autrui, sans parti pris et sans juger.
- Comprendre, ce n’est pas admettre. Si ce dont vous êtes témoin dépasse vos limites personnelles de valeurs et de croyances, la compréhension consiste simplement à reconnaître qu’autrui a ses raisons de penser ou d’agir comme ci ou comme ça. La compréhension n’oblige nullement ni à admettre, ni à adhérer, ni à être complice d’une valeur ou d’une croyance, ni à approuver une quelconque action.
L’empathie dans la famille, pour renforcer les liens
En offrant cet espace d‘accueil, d’écoute et de compréhension au sein de notre famille, nous lui apportons une dimension d’acceptation et d’ouverture inconditionnelles.
La famille devient alors une entité bienfaisante dans laquelle chaque membre peut s’exprimer en confiance, avec la certitude qu’il ne sera pas jugé ni évalué mais reçu et entendu dans le respect de qui il est.
Elle devient également un réservoir d’amour et une mine de possibles, enrichie de l’expérience de vie de chacun apportant ses fruits et ses richesses aux autres.
Les liens entre les parents et enfants s’en trouvent renforcés, et c’est d’abord auprès de notre famille que nous irons chercher écoute, soutien et réconfort.
Nous pouvons véritablement apprendre à nous connaître en profondeur, nous comprendre, prendre soin et nous aimer les uns les autres.
Dans la même vision et en complément, je vous invite à découvrir:
– “Parents efficaces ” de Thomas Gordon
– “Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)” / “La communication non violente au quotidien” de Marshall Rosenberg
En conclusion
Nous employons régulièrement, dans notre quotidien, chacune de ces trois postures.
- La sympathie favorise la qualité des relations, pour autant que les intentions soient honnêtes, authentiques.
- La compassion est utile pour consoler d’un chagrin ou pour se mettre en connexion avec le ressenti d’autrui. Cependant, elle ne doit pas perdurer au risque de conduire à la confusion, l’empathie doit prendre le relais.
- L’empathie est l’attitude à privilégier dans l’accompagnement bienveillant, sécurisant et respectueux de l’autre.
LA SYMPATHIE | LA COMPASSION | L’EMPATHIE | |
POURQUOI CHOISIT-ON | Pour rencontrer l’autre dans une volonté de bien-être pour lui. Pour couper court à la conversation ou parce qu’on ne sait comment se positionner/répondre. |
Pour répondre à un besoin et à un désir de consoler et de “sauver” l’autre. Envie de remédier à sa situation pour retrouver la paix en soi, parce qu’on se sent personnellement impacté par ce qu’il nous dit. |
Pour comprendre l’autre au travers de son expérience unique. Pour créer une communication de qualité et une relation d’équité. Pour être présent à l’autre en conscience. |
POSITIONNEMENT DE L’INTERLOCUTEUR | Formulation projective de soi: ce que je ressens face à ce que tu me dis. Utilisation fréquente de conseils, pour un retour d’émotion positive. |
Confusion des histoires de chacun et des émotions associées. Tendance à essayer de trouver des solutions pour l’autre. |
Ecoute active et reformulation. Présence bienveillante. Capacité à se mettre à la place de l’autre avec la conscience qu’on n’est pas lui. Donc pas de projection ni de volonté à son égard. |
RESONANCE EMOTIONNELLE | Sentiment affectif d’esprit d’équipe, d’amitié. Invite à partager, à “faire avec”. Essaye de trouver des solutions au problème. Essaye de passer à autre chose. |
Celui qui écoute s’approprie l’émotion (la plupart du temps négative) émise par celui qui s’exprime au point de se confondre avec lui. Ressenti très physique de la souffrance de l’autre. Sentiment d’être une “éponge émotionnelle”. |
Calme et compréhension de la part de celui qui écoute, il ne réagit pas émotionnellement. Empathie éprouvée = neutralité. Empathie exprimée = réponse adaptée au besoin de l’autre. |
CONSEQUENCES SUR LA RELATION | Il peut y avoir le sentiment d’être compris comme pas du tout. Sentiment d’amitié. Tendance à mentaliser, les croyances et à priori sont les filtres de la conversation. |
Lien et impression d’appartenance, parti pris. Difficulté à sortir de l’émotion éprouvée. Risque de sentiment impuissance et de dépendance. |
Accueil de l’autre qui se sent entendu, considéré et accepté tel qu’il est. Qualité de la relation et du partage. |
EXEMPLE DE SITUATION: Tom, 8 ans vient de perdre son chien et pleure. |
La tristesse c’est normal, ça passera. Peut-être pourras-tu adopter un autre animal quand tu te sentiras mieux? | Je partage ton chagrin, moi aussi il m’est arrivé la même chose quand j’étais petit, c’est très dur. On va pleurer ensemble pour te soulager. | Je vois à quel point tu es triste et je te comprends. Je t’écoute et je suis présent pour toi si tu as besoin de quelque chose. |
Reconnaissez-vous certaines situations que vous avez déjà vécues dans ces exemples?
Dîtes-nous en commentaire comment vous pratiquez l’empathie chez vous et si vous rencontrez certaines difficultés?
*Carl Ransom Rogers: psychologue et psychothérapeute américain (1902-1987), il développe la non-directivité et l’approche centrée sur la personne.
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